ruine instantanée
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Généré sous forme de cadavre exquis, le cahier des charges de ce projet apparaît lors du tirage au sort de 5 mots et contraintes (élément/qualité/fonction/contexte/règle).
Le mien se présente de la manière suivante :
un dispositif inflammable pour s'assoupir dans un restaurant en harmonisant l'usé.
Pour le saisir comme matière à projet, trois phases distinctes de maturation se présentent.
De l'aléatoire au fictionnel (par le récit), du fictionnel à un réel possible (par une réflexion construite) et enfin d'un réel possible au projet.
Ma démarche de réflexion sur ce récit m'a conduit à une réponse poétique et symbolique, mettant en scène une mise en forme lente, hypnotique et autonome de la matière.
Est évoqué ici, par expansion de cette dernière, l'idée de contemplation du temps qu'on éprouve à la vue de ruines.
La réduction temporelle due à l'assoupissement m'amène ainsi à la ruine instantanée, comme une allégorie de la déformation du temps. Pour finir, la matière sera imprégnée d'une colle afin de déjouer une nouvelle fois le temps.
Un dispositif inflammable pour s'assoupir dans un restaurant en harmonisant l'usé
Suivez la mèche
Boum.
Le corps est comme une éponge,
face aux rythmes résonnants dans la nuit.
Les secousses cadencées le ronge,
Il n'est pas bien, en a trop prie.
Ses pulsations s’accélèrent.
Il est souffrant, il subie.
Le coup des sons contre sa chair.
Les flashs piquants qui l'éblouissent
Ne pas perdre le fil,
Que le fantôme bleu est en train d’effacer.
Il sait transformer le rêve en réalité.
Vous faire oublier votre nom, votre identité.
Boum. Boum.
Les visages se déforment,
Le délire s'installe.
L'homme ne doit pas perdre le fil,
il faut qu'il s'en aille.
Il attrape la mèche, et disparaît dans la nuit.
Oubliant ses gestes, elle seule le conduit.
Défense de fumer.
Ici, d'autres gens souffrants arrivent de tout cotés, suivant leur mèche qui les a porté. Ils sont peut-être mort.
Le lieu est calme, rassérénant. On y entend le silence, les odeurs sont fortes. Il y fait bon, chaud et si nécessaire, on peut y reprendre des forces.
Le fil qu'il a suivie le conduit à une énorme masse informe, constituée entièrement de cette même mèche. Elle est entortillée dans tout les sens, s'apparentant à une gigantesque pelote de laine. Ces nombreuses structures sont alignées autour de lui. Elles laissent s'échapper des bouts de membres inanimés, emprisonnés.
L'homme grimpa sûr la sienne, puis s'y glissa à l'intérieur, s’enfonçant pendant de longues minutes jusqu'à ne plus percevoir autour de lui.
Son petit corps fatigué, usé, s'accorda à la structure, laissant place à une harmonieuse métamorphose.
Boum. Boum.
Les visages se reforment,
Le délire s'évapore.
L'homme a perdu le fil,
Le fantôme bleu l'a embrasé.
Expression Plastique
Projet solo
Réalisation : 2017